Savoir quel temps du passé utiliser est fort utile pour être bien compris.
La bonne nouvelle, c’est que c’est assez logique, et que si vous maîtrisez le sujet en français, il n’est guère difficile de le faire en espagnol. Là où vous utilisez en français l’imparfait ou le plus-que-parfait, ces mêmes temps sont leur équivalent.
Ce qui chagrine le plus les francophones en général, c’est l’usage du passé simple dans la plupart des cas où on utilise le passé composé en français.
En résumé

Dans le détail
En espagnol, le passé composé (pretérito perfecto, pasado perfecto) est considéré comme un temps du présent, en ce sens qu’on l’utilise pour exprimer une action située dans une période de temps qui dure encore (ex. aujourd’hui ; cette année ; au début du XXIè siècle…) ou qui s’inscrit dans un contexte (circonstances ou conséquences) exprimées au présent.
Par exemple, si vous vous êtes cassé la jambe il y a deux ans et que vous en souffrez encore aujourd’hui, le passé composé est le temps à utiliser.
Inversement, le passé simple (pretérito indefinido) est utilisé pour exprimer une action située dans une période de temps écoulée (hier, l’an dernier, au XXè siècle) ou qui s’inscrit dans un contexte (circonstances ou conséquences) exprimées dans un temps du passé.
Pour revenir à votre jambe, si elle s’est réparée correctement et que votre accident est de l’histoire ancienne… eh bien vous en parlerez au passé simple.
- Hace dos años me he roto la pierna y me duele cada vez que llueve. Il y a deux ans je me suis cassé la jambe, et elle me fait mal chaque fois qu'il pleut [conséquences dans le présent]
- Hace dos años me rompí la pierna, pero ya no lo noto. Il y a deux ans je me suis cassé la jambe, mais je ne m'en rends plus compte / je ne le remarque plus [c'est du passé, n'en parlons plus]
L’imparfait (pretérito imperfecto ou juste imperfecto), qui est le temps de la narration et de la description, pose souvent un contexte. Et dans ce contexte peut s’inscrire une action au passé simple (ou au présent dans l’exemple qui suit immédiatement)
- Avant, je prenais le métro, mais maintenant je me déplace en trottinette. Antes tomaba el metro, pero ahora uso el patinete.
- Juan ? Il est déjà parti, il était fatigué. ¿Juan ? Ya se fue, estaba cansado.
C’est aussi le temps d’une action qui dure et/ou se répète (et on le trouve souvent accompagné d’éléments circonstanciels du type : tous les, chaque…)
- La famille se retrouvait chez les grands-parents tous les étés. La familia se reunía cada verano en casa de los abuelos.
Le plus-que parfait (pluscuamperfecto) sert à marquer l’antériorité par rapport à une action située dans le passé.
- Les Scandinaves avaient déjà navigué jusqu’en Amérique quand Christophe Colomb « découvrit » le continent.
- Il a eu une mauvaise note à l’examen parce qu’il avait oublié de réviser. (ne faites pas ça)
Dans les phrases subordonnées, on peut trouver le plus-que-parfait remplacé par le passé simple, ou par la forme d’imparfait du subjonctif en -RA. Mais d’après Jean Bouzet, le maître français de la grammaire espagnole, cet usage de l’imparfait du subjonctif est à éviter (donc contentez-vous de le reconnaître et de le comprendre, et ce sera très bien).
Pour mieux fixer les idées
Voici un petit récit en français et sa version espagnole.
Tom se demandait comment il était arrivé là. Il se souvenait avoir pris son vélo pour rejoindre des amis dans ce bar, près de la gare. Il avait pris un verre avec eux, et après... [du contexte, à l'imparfait, avec une action antérieure : arriver là, au plus-que-parfait]
Tout devenait un peu flou. Il se rappelait qu'un de ses amis avait mentionné une fête dans une maison proche. "Viens, Tom," lui avaient-ils dit. "Ce sera amusant." Il accepta, bien qu'il ne soit pas très convaincu. Ils se dirigèrent à pied vers la maison. Au loin, on pouvait entendre les rires et la musique qui s'échappaient par les fenêtres ouvertes. La fête battait son plein. Tom laissa son vélo dans le jardin et entra avec ses amis. [oui, parfois on utilise le passé simple en français]
Tom se preguntaba cómo había llegado allí. Se acordaba de haber tomado su bici para reunirse con unos amigos en aquel bar, cerca de la estación de ferrocarriles. Había tomado una copa con ellos, y después...
Todo se volvía un poco borroso. Recordaba que uno de sus amigos había mencionado una fiesta en una casa cercana. "Vamos, Tom," le habían dicho. "Será divertido." Aceptó, aunque no estaba muy convencido. Se dirigieron a pie hacia la casa. A lo lejos, se podía escuchar la risa y la música que salía por las ventanas abiertas. La fiesta estaba en pleno apogeo. Tom dejó su bici en el jardín y entró con sus amigos.