Pablo Ordaz a été l'envoyé spécial du grand journal espagnol los du coup d'Etat contre le président Manuel Zelaya en juin 2009. Il a été aux premières loges de la manipulation de l'information par les putchistes, de la campagne électorale sous le régime d'état d'urgence, des timides tentatives de réglement à l'amiable de l'OEA, et enfin de la validation de l'élection de Porfirio Lobo.
Le titre de son article, "tous complices", vaut pour aujourd'hui comme pour hier: "Il n'y a pas de quoi s'étonner, attaque-t-il. Au Honduras, ce sont toujours les mêmes qui dirigent et toujours les mêmes qui meurent. En cette occasion, la seule différence est que, au lieu de le faire peu à peu, ils sont tous mort d'un coup."
Et de rappeler la misère dans laquelle croupit le pays - désormais le deuxième plus pauvre d'Amérique après Haïti - quand une dizaine de familles se partagent les richesses, le pouvoir, le pays. Toujours les mêmes aussi. La violence a explosé, et le pays détient aujourd'hui le taux d'homicides le plus élevé au monde: 82 pour 1.000 habitants. Depuis le coup d'Etat - la "transition constitutionelle" dans le langage des opposants au président Zelaya - les assassinats de journalistes et de défenseurs des droits de l'homme sont désormais monnaie courante. Un peu d'égalité, notez bien: chez les paysans, c'est une pratique de longue date. La police est corrompue, les juges ne valent guère mieux.
Tous complices: l'OEA, les Etats-Unis, l'Union Europénne, l'ALBA, qui savaient et savent que le respect de droits de l'homme et la population n'allaient pas être pris en compte par un président lui-même propriétaire terrien - un des plus puissants du pays -, formé aux Etats-Unis, évangéliste forcené et partisan de la peine de mort (l'un n'empêchant pas l'autre, apparemment).
Tous complices, et tous silencieux.
A lire aussi: l'article d'América Economia sur les problèmes du pays révélés par l'incendie de Comayagua.