Depuis la fin mars, l'université Rey Juan Carlos de Madrid est dans la tourmente : un certain nombre de personnalités politiques du PP (parti aux manettes dans la communauté autonome, qui a compétence sur les universités) ont obtenu un master de Droit Autonomique sans aller en cours, et l'université est dans l'incapacité de produire les travaux correspondant aux quelques matières que ces personnes devaient passer - la plupart des crédits ayant été validés sur la base d'études universitaires de premier cycle, WTF.
L'affaire a commencé avec Cristina Cifuentes, présidente de la Communauté de Madrid, quand une source interne à l'université a dénoncé la modification des notes de deux matières, de "non présenté" (absence injustifiée, en France) à "reçu avec mention bien" (notable), permettant l'obtention du master plusieurs années après la formation universitaire de la brillante étudiante.
Le feuilleton a duré un mois, à l'issue duquel Cristina Cifuentes s'est vu contrainte de quitter la présidence de la communauté autonome, et a démissionné de sa charge de députée autonomique dans la foulée. Entretemps, de signatures imitées en soutenance inexistante, en passant par un mémoire de master introuvable, sa position était devenue difficilement tenable, même en Espagne. Dans beaucoup d'autres pays, elle aurait dû démissionner dès la sortie de l'affaire (pas en France, je vous rassure). Mais il a fallu un coup de grâce : une vidéo de supermarché de 2011 sur laquelle on voit celle qui était alors vice-présidente de la Communauté de Madrid emporter des produits sans les payer. Ce qui tendrait à démontrer que la probité des CV des politiques est bien moins importante qu'une crème de beauté de grand magasin. Passons.
Au cours de son enquête, la juge d'instruction en charge du dossier a relevé d'autres possibles irrégularités. L'une d'entre elle concerne une autre étoile montante du Parti Populaire, ancien président des Nouvelles Générations (le mouvement des jeunes populaires), qui a obtenu la validation de 18 des 22 matières du diplôme grâce à ses études de licence, et dont les travaux - se substituant à l'assistance aux quatre derniers cours et aux examens liés - sont malheureusement introuvables : un certain Pablo Casado.
Lequel est, depuis le 21 juillet dernier, le nouveau président du Parti Populaire espagnol en remplacement de Mariano Rajoy, démissionnaire.
Lequel Casado, évidemment, crie au complot politique. Comme Cifuentes, il ne connaît pas les enseignants, mais il a fait ce que l'université lui a demandé.
Pendant que, non moins évidemment, nombre d'Espagnols s'interrogent sur les subsides conséquents - 370.000 €, une paille - accordés par la Communauté Autonome à l'Institut de Droit Public de l'URJC entre 2008 et 2011, période pendant laquelle furent inscrits notamment Cifuentes Cristina (2008-2009) et Casado Pablo (2011-2012), en sus de l'enveloppe de financement "normale" de 120 millions annuels pour l'université.
En tant que député, Pablo Casado dispose d'une immunité partielle : c'est à la Cour Suprême qu'il reviendrait de mener une enquête spécifiquement sur son cas.
Je vais refaire du pop-corn.