Le Musée Colonial de Bogota

5/5/2011, 10:54:00 PM dans Colombie 2011

Etant officiellement touriste depuis aujourd'hui 11h30 heure colombienne (j'ai fini de rédiger mon mémoire), j'ai employé mon après-midi à visiter des musées de La Candelaria; et tout d'abord le musée colonial.

Le musée est assez classiquement sis dans une maison coloniale avec un bien joli patio. Les deux premières salles du rez-de-chaussée montrent des oeuvres européennes importées par la bonne société des XVII et XVIIIè siècles. Beaucoup d'huiles sur toile assez foncées, une huile sur ardoise de l'école italienne, des sculptures religieuses baroques... on arrive assez vite à la troisième salle, en enfilade, qui montre des réalisations américaines inspirées par les oeuvres européennes: icônes, miniatures en médaillons, bois polychrome, et des objets destinés aux processions religieuses. Rien ne retient vraiment l'attention.

La dernière salle du rez-de-chaussée est située à l'opposé, en prenant le patio en diagonale. Elle m'a davantage intéressée pour ses pièces profanes et son cabinet scientifique; les planches botaniques et zoologiques qui y sont exposées sont cependant des fac-similés. On est très fort sur le bidon, dans les musées colombiens. Vers le fond de la salle, un lit dressé à 45° sur lequel est projeté un texte; il y a dû avoir quelqu'un à penser que ça ferait moderne. Et au fond, un très grand retable qui comporte encore deux statues religieuses, et dont les autres cases ont été remplies avec des fac-similés (oui, encore, mais attendez, ce n'est que le début) de portraits de personnages de l'Indépendance. Je n'ai pas encore saisi le lien, mais je ne désespère pas.

La coursive de l'étage offre à la vue une galerie de sièges et de coffres qu'on est priés de ne pas toucher. Une malheureuse coquille sur le panonceau répété remercie le visiteur de sa compression. J'en ris encore.

Les trois salles de l'étage sont consacrées au peintre local Gregorio Vásquez de Arce y Ceballos, un lointain descendant de Soupalognon y Crouton, 1638-1711.

Quelqu'un qui place un chat dans son Foyer de Nazareth ne peut pas être complètement mauvais. S'ensuivent deux portraits de l'artiste, imaginaires puisque réalisés au XXème siècle, une vision d'artiste donc (l'une des deux, en prime, est anonyme).

Après une explication sur le système d'atelier et d'apprentissage, on arrive dans l'atelier reconstitué du maître, à grand renfort de pinceaux, de coquillages servant de godets, de croquis, d'ébauches et de cadres divers. Là aussi, c'est reconstitué d'après... oh, bah comme le rugissement du tyrannosaure, quoi.

La dernière salle expose les oeuvres du maître: ses peintures et les..? bravo! Fac-similés de ses croquis. Les mises en parallèle ne sont pas inintéressantes, mais sur le fond il faut aimer la peinture religieuse. L'immense tableau au fond de la salle (L'abbé J. De Fiore présentant les portraits anticipés...) présente un beau travail de perspective fondé sur la taille des personnages présents dans chacun des plans du tableau.

Mais LA pièce à ne pas manquer, c'est l'avant-dernière. Si vous manquez de temps, allez-y directement. Il s'agit d'une Sainte Trinité qui adopte la forme d'un Christ à trois visages, comme Janus en avait deux.

Inutile de dire que l'Eglise de l'époque a hurlé à l'hérésie et fait brûler toutes les peintures de ce type. Vásquez a dissimulé les deux visage superfétatoires et latéraux sous la chevelure; ils ont été redécouverts lors d'une restauration, selon la légende dorée locale. Quoi qu'il en soit, une rareté.