Les Etats-Unis souhaitent augmenter de quatre à six le nombre de leurs destroyers basés à Rota, dans la province de Cadix. Avec leurs équipages, l'effectif des forces militaires américaines passerait de 3 000 à 3 600 marines, rapportait El País en décembre dernier.
Les origines
La présence américaine en Espagne remonte aux Pactes de Madrid signés en 1953 avec le général Franco : il s'agissait d'autoriser les Etats-Unis à utiliser quatre bases militaires en échange d'aide économique et militaire. La perspective de cette aide économique a d'ailleurs inspiré au réalisateur Luis García Berlanga un film gentiment critique quant aux espoirs engendrés, Bienvenido Mister Marshall.
L'emplacement du bourg de Rota (10 000 habitants alors), situé au nord de la baie de Cadix, donc sur l'Atlantique, mais proche du détroit de Gibraltar, avait été jugé stratégique pour l'installation d'une base navale. Celle-ci a alors été édifiée sur près de 2 400 hectares, dont 2 000 sont aujourd'hui utilisés par les forces américaines. Elle comporte une base navale et un aéroport militaire conjointement utilisés par les Etats-Unis et l'Espagne, qui y a basé les principales unités de sa marine, soit 4 700 hommes, précise La Vanguardia.
Une pièce du bouclier anti-missiles
Désormais régie par une convention bilatérale de 1988, la base de Rota accueille actuellement quatre destroyers lance-missiles arrivés entre 2014 et 2015, et qui seront remplacés d'ici à 2022 par d'autres plus récents et dotés d'hélicoptères (pour les spécialistes, des Sikorsky SH-60 Seahawk de la classe Romeo). Ces appareils font partie du bouclier anti-missiles de l'OTAN, censés bloquer une éventuelle attaque en provenance de l'Iran ou de la Corée du Nord.
Mais les Etats-Unis souhaitent en outre porter le nombre de ces destroyers de quatre à six, afin d'avoir en permanence quatre unités opérationnelles - deux étant habituellement immobilisées pour maintenance ou réparations - et de 3 000 à 3 600 hommes les effectifs militaires.
La nécessaire révision de la convention de 1988
Si cette augmentation du personnel reste dans les limites convenues (4 250 militaires et 1 000 civils), le déploiement de deux destroyers supplémentaires devra être soumis à l'approbation du Parlement, une tâche qui incombera au prochain gouvernement probablement nommé dans les prochains jours.
Il est assez peu probable que cette demande soit refusée, d'autant que sa concrétisation apporterait davantage de travail au chantier naval public Navantia, qui gère la maintenance habituelle des navires américains. Cependant, la récente attaque US contre le général iranien Souleimani et les perspectives de représailles sont susceptibles de donner des sueurs froides à plus d'un responsable politique, dans un pays qui a connu le 11 mars (attentats de Madrid en 2004, liés à la participation espagnole à la seconde guerre du golfe, 192 morts) et une attaque islamiste à Barcelone en août 2017.
Vue aérienne de la base de Rota (site du gouvernement régional d'Andalousie)