Depuis quelques années, j'ai opté pour la mise en place d'un jeu d'entreprise sur les 24h d'enseignement du second semestre. Les étudiants découvrent tout d'abord un certain nombre d'entreprises et de projets espagnols et latinoaméricains innovants du domaine du textile au sens large): les vêtements bio et responsables de Mandacarú, les chaussures écolos de El Naturalista, les vêtements blindés de Miguel Caballeros, les vêtements micro-encapsulés et les matériaux à changement de phase; Jeanología, qui "use" les jeans au laser sans abîmer le tissu ni les poumons des ouvriers... Et quelques bonus français, comme Les chaussettes de l'Archiduchesse dont le blog racontant pas à pas le lancement de l'entreprise est passionnant. Nous travaillons parallèlement sur la créativité, la génèse d'une idée - un produit ou un service - pour répondre à un problème.
Puis, en trinômes volontairement hétérogènes - un étudiant au niveau A1 ou A2, un étudiant au B1+ et un étudiant au B2 -, les "participants" doivent proposer un produit ou un service en lien avec l'habillement et développer progressivement leur idée. L'objectif final: présenter leur projet lors d'un concours fictif de starts-up dont le prix est un investissement financier et un accompagnement de leur initivative. Dans la "vraie vie", le groupe sélectionné se voit crédité d'un point supplémentaire sur sa moyenne semestrielle.
Le travail des compétences linguistiques reste évidemment incontournable, mais il est également prétexte à développer des compétences transversales. La prise de parole en public est l'occasion d'aborder les notions de communication non verbale et de gestion du stress - généré par le fait de devoir se lever et parler devant le groupe, d'être filmé, de défendre son projet du haut d'une estrade dans un amphithéâtre. La présentation du projet est l'occasion de ciseler son discours pour s' exprimer efficacement en une phrase, une minute, trois minutes. Le pitch est réalisé en s'appuyant sur les conseils accessibles en ligne, notamment sur TechCrunch (Startups: Give us your best one-sentence pitch) et même si c'est dans une autre langue-cible!
Concevoir un produit ou un service, lui donner un nom commercial, sont des opportunités pour jouer avec la langue, faire court et clair. Les mots-valises sont à l'honneur: Clasagua, pour ceux qui veulent être élégants sur un l'eau; Chaquetavestruz, la veste (chaqueta) innovante dans laquelle les plumes d'autruche (avestruz) garantissent la régulation thermique; Esprenda, le vêtement (prenda) comportant une couche de mousse (espuma)...
Créer une équipe, inventer l'histoire de son invention: c'est à la fois raconter une histoire au passé et concevoir le storytelling du projet. Candidater au concours de start-up, sur le modèle de celui que Pierre Chappaz avait lancé sur Kelblog en 2007, passe par la création et la réalisation d'une vidéo de présentation de trois minutes. Sur cette base, les autres équipes préparent les questions qu'elles poseront lors de l'épreuve finale: rappeler les points principaux du projet en une minute, répondre à un feu roulant de questions pendant quatorze autres minutes.
A l'issue des présentations, tous les étudiants votent pour le projet dans lequel ils seraient le plus disposés à investir leur argent. Cette année le choix des étudiants a rejoint celui du jury (plus compétent en espagnol, hélas, qu'en projets d'entreprise, puisque composé de deux enseignants d'espagnol) et a sacré Zapatilletos: des chaussures pour femme dont les talons amovibles et disponibles en trois tailles permettent de changer de style et de passer du chic au confort en quelques secondes et sans devoir emporter plusieurs paires de chaussures avec soi...
Bravo à Victorine et Marie (eh oui, sept trinômes, un seul binôme, et il est gagnant) que je remercie de m'avoir autorisée à publier leur pitch vidéo!