Un gouvernement plein de bonnes intentions

2/23/2012, 2:28:00 AM dans Espagne

Le gouvernement populaire a énoncé hier une série de propositions destinées à protéger les propriétaires qui ne peuvent plus faire face au remboursement de leur crédit immobilier (en général à taux variable, la bonne idée). L'enthousiasme des médias n'aura duré que quelques heures: le temps d'analyser plus avant ce qui est applicable... ou pas.

Le tempo gouvernemental était plutôt bon. Les propositions du ministre de l'Economie Luis de Guindos étaient faites quelques jours après la mobilisation massive du 19 février contre la réforme du travail, et alors que le récent épisode de froid a remis sur le devant de la scène les familles expulsées de leur logement - il n'y a pas en Espagne de trêve hivernale des expulsions.

En outre, parmi ces mesures - résumées par Le Monde -, l'une d'elle est une revendication de longue date de la plate-forme de défense des propriétaires endettés: la dation en paiement, autrement dit l'extinction des remboursements après la saisie du bien immobilier par la banque. Actuellement, les prix de l'immobilier s'étant effondrés, la famille expulsée perd son logement mais doit souvent continuer à payer...

Guindos a donc également proposé, dans le cadre d'un code de bonne conduite pour les banques - l'avantage d'un code de bonne conduite, c'est que ça n'a aucun caractère contraignant - un délai de deux ans avant l'expulsion de familles dont tous les membres seraient au chômage - cela représente quatre millions de foyers espagnols - et le remboursement du capital dès les premiers versements, et non comme aujourd'hui la priorité aux intérêts.

Cependant, El País revient ce matin dans son éditorial sur les points d'achoppement que rencontreraient ces mesures. Le plus important porte sur la mesure-phare: la dation en paiement ne peut pas s'appliquer de façon rétroactive. Les futurs emprunteurs - qu'on n'imagine pas se bousculer au portillon par les temps qui courent - pourraient bénéficier de cette clause, mais les banques renchériraient probablement le coût du crédit en conséquence. Mais surtout, le problème se pose aujourd'hui pour les familles déjà endettées et ne pouvant assumer les remboursements: les banques refuseront la dation en paiement car, incapables de revendre un bon prix les maisons et appartements, elles verraient exploser leurs taux d'impayés.

L'autre problème soulevé par l'éditorialiste est la part de recommendations et la part d'obligations légales qui seront faites aux banques. Les propositions de Guindos pourraient bien rester... de bonnes intentions.