Quim Torra, président du gouvernement autonomiste catalan depuis mai 2018, a été condamné pour désobéissance pour avoir refusé de faire retirer de la façade du siège de la Generalitat les rubans jaunes - marque de soutien aux politiques indépendantistes emprisonnés.
Cette condamnation lui vaut la perte de son siège de député de la communauté autonome, confirmée le 23 janvier par la Cour Suprême. Or s'il n'est plus député, il ne peut plus être président, en vertu du Statut de la Catalogne (en gros, la Constitution autonomique).
Les amis de Quim Torra (Junts per Calatunya) et lui-même ont donc fait le forcing pour que le président du Parlement catalan, Roger Torrent (du parti - indépendantiste aussi mais de gauche - Esquerra Republicana de Catalunya) désobéisse à l'arrêt de la Cour Suprême.
JxCat et ERC, les alliés indépendantistes désormais rivaux
Mais ERC, dont le leader Oriol Junqueras goûte (peu) les joies de la prison depuis deux ans déjà, privilégie le dialogue avec le nouveau gouvernement Sanchez (dont il a aidé à l'investiture) au jusqu'au-boutisme de JxCat, dont le leader Carles "Puchi" Puigdemont fanfaronne en Belgique. Roger Torrent a donc appliqué la décision de justice et retiré à Quim Torra son titre de député.
Celui-ci, restant président tout de même (ne me demandez pas pourquoi, je ne comprends pas non plus), considère que la confiance est rompue entre les alliés de gouvernement (JxCat et ERC, suivez, un peu) et convoquera des élections autonomiques une fois que le budget 2020 sera approuvé (ça sera tout de même le premier à suivre la voie réglementaire depuis 2017 !). Avec pour probable objectif de parer JxCat des atours de seul vrai parti indépendantiste, de prendre sa revanche sur ERC et de mettre en difficulté le gouvernement de Pedro Sanchez, cet affreux madrilène.
Le Parti Populaire saute sur l'occasion
C'est déjà un sac de noeuds mais on s'ennuierait si le Parti Populaire ne venait pas y mettre son grain de sel. Pablo Casado, son heureux héraut, a fait savoir que le PP porterait plainte contre Quim Torra pour usurpation de fonctions ; car conformément au Statut de Catalogne, il n'est plus président, et donc ses décisions sont dénuées de légitimité.
C'est qu'il a du mal à exister, le PP, généralement doublé sur sa droite par Vox qui ne rate jamais une occasion d'en appeler aux tribunaux pour trancher des questions politiques. Alors pour une fois qu'il dégaine le premier...
Pendant ce temps-là, à Waterloo
L'ex-président catalan Carles Puigdemont, entré dans l'histoire pour avoir proclamé et suspendu dans la même phrase l'indépendance de la Catalogne (en octobre 2017) a enfin reçu ses crédences d'eurodéputé, et l'immunité qui va avec, même s'il est dans l'impossibilité juridique de revenir en Espagne. Avec son colistier Toni Comín, également reconnu comme eurodéputé, il peut enfin siéger au Parlement européen, où les deux impétrants se sont cherché un groupe parlementaire. Sollicités et pas chauds du tout, les Verts ont botté en touche.
Côté espagnol, la Cour des Comptes réclame à Puigdemont et 19 de ses alliés co-organisateurs du référendum illégal d'autodétermination de septembre 2017 (1-O) le remboursement de l'argent public investi dans l'organisation et la promotion dudit référendum. L'institution l'estime à plus de quatre millions d'euros, somme que les vingt indépendantistes doivent verser comme caution sous quinzaine. A défaut, leurs biens seront saisis à titre conservatoire. Les indépendantistes sollicitent donc leurs électeurs - et en particulier ceux du référendum - à grand renfort de réseaux sociaux.
D'autant que la facture risque de s'alourdir encore : la Cour des Comptes calcule le montant des dépenses publiques dans les "ambassades" catalanes ouvertes en Europe et aux Etats-Unis. Additionnées à celles du référendum, elles s'élèverait probablement à vingt millions d'euros, selon El Mundo.
La caisse de solidarité catalane va en prendre un coup.
Voilà, c'est tout (enfin j'espère !) pour cette semaine.