La Chine est présente et bien présente en Amérique Latine: citons par exemple la Bolivie pour l'exploitation du lithium et la construction d'un satellite, la Colombie pour une proposition de sustitut ferroviaire au canal interocéanique, la mégamine de cuivre de Toromocho au Pérou. Elle propose régulièrement des financements, des partenariats, des coopérations, qui toutes visent à lui garantir les matières premières et l'énergie nécessaires à sa croissance. Elle vend, aussi, et beaucoup: tous ces objets manufacturés qui sont fabriqués à des coûts dérisoires et vendus dans les bazars et sur les trottoirs des grandes villes latinoaméricaines. Les marchands boliviens entreprennent d'apprendre le chinois pour mieux négocier; même les Cubains s'y mettent.
Réciproquement, les grosses entreprises latinoaméricaines aimeraient s'ouvrir le marché chinois, au-delà des matières premières. Au cours des dernières décennies, plusieurs groupes se sont implantés en Chine, en joint-venture, comme l'impose la réglementation chinoise. La brésilienne Embraer y a une usine aéronautique, l'argentine IMPSA y a construit des turbines de production éolienne et hydrolienne, ainsi que des grues de déchargement pour les ports.
Mais elles ont constaté combien le marché chinois était différent des autres. Ultraprotégé par des obligations burocratiques, elles doivent accepter le transfert de technologies pour s'implanter. Au risque de se retrouver, quelques années plus tard, en compétition avec leur ancien associé au sein de la joint-venture.
Le chilien Luksic a donc jeté l'éponge au début des années 90, IMPSA renonce à certains projets; et pourtant, les quelques implantations réellement réussies, comme celle de Bombardier, démontrent qu'il faut des décennies de présence en Chine avant d'obtenir autorisations de production et les juteux contrats dont tous rêvent.
L'article de América Económica revient longuement sur le concept de guanxi, qu'il faut impérativement maîtriser pour s'implanter durablement sur le territoire chinois. Ca ressemble à un casse-tête.