Pyrotechnie zéro toi-même

12/30/2019, 5:00:00 PM dans Amérique

Pour les fêtes de fin d’année, les Latino-Américains raffolent des feux d’artifice : les grands, les vrais, les officiels ; mais aussi – surtout ? – ceux qu’ils achètent et font exploser eux-mêmes. Feux et autres bengales, mais aussi pétards, lesquels peuvent émettre jusqu’à 190 décibels.

Comme dirait Herta – récemment racheté à 60% par l’espagnol Casa Tarradellas –, ne passons pas à côté des choses simples.

Sauf que les choses le sont de moins en moins, simples. Au point que les revendeurs s’insurgent sur le thème “vous n’aurez pas ma liberté de vendre des bidules dangereux”. Au Mexique notamment.

Capitale des feux d’artifices et des accidents de poudre

Car le Mexique a sa “capitale des feux d’artifices”. La ville de Tultepec, au nord de Ciudad de México, est spécialisée dans cette production depuis près de 200 ans. On y fabrique aujourd’hui 70% des engins pyrotechniques utilisés dans le pays ; 65% des quelque 130 000 habitants en vivent directement ou indirectement.

Son fameux marché, San Pablito (300 stands), haut lieu touristique a connu un incident d’ampleur le 20 décembre 2016 : alors que les ventes en vue des fêtes battaient leur plein, il a explosé accidentellement puis brûlé, occasionnant 42 morts et 86 blessés dont 15 en ont gardé des séquelles. Et joyeux Noël (en cadeau : les images du marché).

Cela n’a pas découragé la population – notez, il faut bien manger – et San Pablito a enfin rouvert à l’été 2019, réaménagé en petits pavillons plutôt qu’un grand hangar, 225 boutiques aux normes, des extincteurs et des vendeurs vêtus de coton.

De la sécurité des personnes à celle de la planète

Mais la sécurité des lieux de vente n’est plus le principal cheval de bataille sur le continent. Celle des usagers et surtout de leur entourage mène nombre d’acteurs publics locaux et nationaux à restreindre l’utilisation familiale mais aussi officielle de la pyrotechnie.

A Monterrey, les marchés type “foire à la pyrotechnie” sont interdits pour la deuxième année consécutive, dans l’espoir de réduire la quantité de fusées et pétards disponibles. Reproche : la concentration de particules fines que ces engins rejettent atteint des concentrations dangereuses pour la santé.

En Argentine, le président Alberto Fernández a prohibé l’utilisation de feux d’artifice bruyants dans les événements publics officiels (au vu de la liste, je pense qu’il reste l’utilisation des allumettes, sous réserve de ne pas les craquer trop violemment). Sur la côte atlantique, lieu de villégiature, plusieurs villes ont interdit la vente, ou l’utilisation (rarement les deux, curieusement) ou encore ont ménagé des “zones autorisées” – les autres étant donc interdites.

Rappelons qu’il y a aujourd’hui 15 ans, le lancement enthousiaste de trois feux d’artifice (z’ont pas eu le temps d’en tirer plus) lors d’un concert dans la discothèque República Cromañón, à Buenos Aires, a provoqué l’incendie des revêtements du bâtiment, entraînant le décès par brûlures ou suffocation de 194 personnes, et au moins 1432 blessés.

On trouve des interdictions locales dans d’autres pays. Mais les interdictions ne concernant que ceux qui veulent bien les respecter, les medias se concentrent ces jours-ci sur deux points : prévenir et guérir.

  • Prévenir, en rappelant le danger que représente le bruit des explosions pour les personnes vulnérables – dont les enfants et les autistes – et les animaux de compagnie, ainsi que les effets délétères des produits utilisés sur la faune, la flore et l’atmosphère. Les animaux domestiques en particuliers, que l’ouïe trop fine et la proximité des humains met particulièrement en péril.
  • Guérir, en expliquant (au Paraguay) que faire en cas de brûlure par pétard. Une enquête sera d’ailleurs ouverte contre les parents de 7 enfants blessés à Noël.