Pourquoi passer la Certification en Langues de l'Enseignement Supérieur (CLES)

5/18/2018, 9:17:59 AM dans Enseignement

La passion française pour les notes, diplômes, et autres bonus à avoir partout dans son dossier pour espérer voir sa candidature retenue pour la suite de ses études nous amène à nous pencher aujourd'hui sur la certification officielle du niveau de langue. Focus sur le CLES, qui a tout de même, de mon point de vue, bien des avantages.

Qu'est-ce que le CLES ?

Ce délicieux acronyme cache une Certification en Langue de l'Enseignement Supérieur. Si elle existe depuis 2000, elle reste largement inconnue, notamment parce qu'on n'a pas d'argent à investir dans de la pub, et puis que ce n'est pas trop le genre des universités.

Mais j'avoue avoir le poil qui se hérisse au vu de toutes les certifications privées qui font florès et sont encouragées y compris par les pouvoirs publics. Certifications qui requièrent une préparation, lesquelles coûtent là encore soit à l'étudiant, soit aux établissements d'enseignement supérieur, alors que pour un projet interne de parcours renforcé en langue et culture qui serait très enrichissant pour les étudiants, on ne va pas trouver quelques milliers d'euros annuels de financement, mais je m'égare, Edgar. (Et puis Rennes 1 est sous tutelle du recteur, c'est bien la preuve qu'on est dépensiers.)

Le CLES donc n'est pas aussi sexy que toutes les certifications privées, mais il est fait plutôt honnêtement et j'aime bien sa logique. Les sujets sont conçus et validés par des enseignants de langue de l'enseignement supérieur, formés à la conception et dans le respect d'un cahier des charges. Les sujets sont ensuite versés à une banque nationale de données. Un peu comme le bac avant qu'il n'existe (bientôt) plus sous cette forme.

Pour le niveau B2, qui est LE niveau demandé pour à peu près tout et que tous les élèves qui nous arrivent de terminale sont censés maîtriser, selon un ministre, on teste en trois heures les principales compétences de langue : la compréhension orale et écrite, l'expression écrite et l'interaction orale. Pour obtenir le certificat, il faut valider chacune des compétences avec une note minimale de 12/20.

Comment ça se passe ?

Plutôt bien, en général. Je vous renvoie à l'arrêté du 4 novembre 2016 et en particulier son annexe pour tout savoir officiellement, mais en gros, il s'agit d'une mise en situation plausible liée à un thème unique. Autrement dit, le candidat va regarder des vidéos ou écouter des enregistrements audio, puis lire des textes, qui vont lui permettre d'avoir des billes pour rédiger un document (souvent de synthèse, le plus objectif possible) dans un contexte donné, et enfin de défendre une position ou un point de vue lors d'un jeu de rôles final.

Donc, souvent, vous devrez imaginer que vous êtes un étudiant en mobilité internationale d'études ou de stage, et confronté à une situation particulière dans ce cadre. Rien à voir avec du QCM bête et méchant.

Les + client, ou la minute marketing

  • la certification est valable à vie. Du point de vue de la maîtrise de la langue, c'est discutable, mais c'est offert, alors pourquoi se priver.
  • elle se fonde comme beaucoup d'autres sur le Cadre de Référence Commun du Conseil de l'Europe. Ce n'est pas une certification au rabais. Pour autant...
  • elle est bon marché par rapport aux certifications privées. A Rennes 1, on demandait cette année aux étudiants une participation de 20€ aux coûts d'organisation (achat du sujet, surveillance, oraux, corrections, gestion administrative), lesquels sont pour l'essentiel assumés par l'université. La certification privée la moins chère que j'ai trouvée est à 140€.
  • elle ne requiert pas de préparation spécifique nécessaire : les épreuves ne sont pas "piégeuses". Il faut tout de même avoir deux sous de bon sens, mais je ne crois pas qu'il y ait de formation pour ça.
  • en ce qui concerne l'espagnol, le CLES est plus facile à avoir que le DELE proposé par l'Institut Cervantes.
  • En prime, à partir de la rentrée 2018, un candidat recalé au B2 pourra tout de même - s'il remplit les conditions minimales - obtenir une certification B1.

Pourquoi le passer au plus tôt

Vous pouvez passer le CLES un nombre illimité de fois, mais les centres n'organisent qu'un ou deux sessions annuelles pour chaque langue et chaque niveau. Plus vous tentez votre chance tôt (pas avant le L2 tout de même, à mon sens, sauf à avoir un avis contraire de votre enseignant de langue) et plus vous avez d'opportunités.

C'est un plus lors des demandes de mobilité quand ce n'est pas un prérequis (pour certaines destinations ou certains programmes exigeant l'accréditation d'un niveau B2). C'est fort utile aussi pour les masters orientés vers l'international.

Last but not least, un projet dans les cartons du ministère : sous trois ans, l'Etat exigera une certification niveau B2 à l'issue du master.

Voici la citation extraite du dossier du presse du premier ministre lors de la présentation à Roubaix de la stratégie du gouvernement en matière de commerce extérieur, le 23 février 2018 : Dans l’enseignement supérieur, les certifications internationales seront ainsi développées, par une généralisation progressive sous trois ans avec l’objectif qu’à la sortie des diplômes délivrés par les écoles d’ingénieurs, des écoles de management et des Masters délivrés par les universités, l’État exigera une certification en langues de niveau B2 au moins (que cette certification soit privée ou délivrée via le CLES). Une mission langues vivantes sera lancée par le ministre de l’éducation nationale pour définir précisément d’ici l’été l’ensemble des points précédents.

Alors j'avoue, je ne comprends pas tout non plus, parce que la syntaxe laisse à désirer ; mais il me semble bien que c'est le retour sur le tapis d'un vieux projet européen (farouchement repoussé à l'époque) qui liait la délivrance du master à l'accréditation d'un niveau de langue. Quoi qu'il en soit, trois ans, c'est demain ; ça concerne les étudiants qui étaient en L1, voire en L2, en cette année 2017-2018.

Si vous avez un petit coup de pression et que du coup, vous voulez travailler un peu votre espagnol d'ici à septembre, faites donc un tour sur l'onglet "autoformation" de ce site...

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