L'industrie funéraire vénézuélienne, au défi de la pénurie

6/17/2014, 3:09:18 PM dans Amérique

La situation économique et les pénuries au Venezuela sont un défi pour les entreprises. Pour y faire face, elles doivent imaginer des solutions originales. C'est le cas de l'industrie funéraire, contrainte de trouver comment offrir un service funéraire décent alors que les cercueils font défaut.

Le contrôle des changes institué par les autorités limite drastiquement l'accès des entreprises aux dollars, nécessaires pour importer produits et matériaux. Ce n'est pas nouveau, mais la situation ne s'arrange pas. Il n'est plus possible d'importer les plaques de métal, le vernis et le satin nécessaires à l'ornement des bières. Le laiton fait également défaut: sa production a chuté après la nationalisation des aciéries Sidor par Hugo Chavez en 2008. Et au cours des derniers mois, c'est la manufacture de cercueils qui a été réduite à la moitié.

D'autre part, la violence au Venezuela - 24.500 morts violentes enregistrées en 2013, soit 79 pour 1000 habitants, le plus fort taux du monde - soutient la demande; l'an passé, les morts par homicide ont représenté 12% des décès.

Baisse de la production et hausse de la demande: le produit est en rupture. Quelles solutions les croque-morts peuvent-ils proposer à leurs clients? La première est assez classique: trouver des fournisseurs qu'il ne soit pas nécessaire de payer en dollars. L'importation depuis la Colombie est une option courante, et pas seulement pour les cercueils.

Plus innovant: la réutilisation. Les entreprises de pompes funèbres se prêtent les cercueils entre elles, ce qui suppose que les clients les rendent quand ils n'en ont plus l'usage. Rapporté au service funéraire, ce principe s'applique de la façon suivante: le cercueil est loué le temps de la veillée funèbre, et les familles sont vivement encouragées à faire procéder à la crémation de leur défunt - lequel n'a pas absolument besoin d'accessoire. Apparemment, il y a aussi un système de prêt d'urnes funéraires, mais là j'avoue ne pas avoir tout suivi.

Un service qui coûte probablement moins cher aux familles, une fin plus écologique - si tant est que l'argument importe - et surtout, un cercueil réutilisable: comme disent les Espagnols, la necesidad agudiza el ingenio - littéralement: la nécessité aiguise l'ingéniosité.