L'histoire officielle: Pinochet n'était pas un dictateur

1/5/2012, 2:29:56 AM dans Amérique

Le ministre de l'Education chilien a annoncé hier la modification des manuels scolaires du primaire: le terme de "dictature" sera remplacé par ceux de "régime militaire". Un régime militaire qui a laissé des milliers de morts et de disparus.

La modification a été adoptée en décembre par le Conseil National d'Education lors d'une session extraordinaire, mais elle était passée inaperçue jusqu'à l'annonce ministérielle.

Selon le tout nouveau ministre Harald Beyer - deux de ses prédécesseurs ont été emportés en un an par la fronde estudiantine-, il ne s'agit aucunement d'une question politique, même s'il appartient au premier gouvernement de droite depuis la fin de la dictature du général Pinochet. Il dit lui-même n'avoir aucun problème avec la question et être en accord avec l'expression de "régime dictatorial". Mais il s'agit d'utiliser une terminologie plus proche de celles utilisées ailleurs, où l'on ne parlerait pas de dictatures mais de régimes militaires. A part la Corée du Nord ("le régime militaire de Pyong-Yang" est effectivement une périphrase récurrente), personnellement, je ne vois pas.

Quoi qu'il en soit, les nouveaux manuels de langue et d'histoire utilisés dans les six premiers niveaux de l'enseignement scolaire ne parleront plus de Pinochet comme d'un dictateur, ce qui fait bondir le député Osvaldo Andrade, président du Parti Socialiste chilien et ancien ministre du Travail de Michelle Bachelet, pour qui on "maquille" l'histoire. L'ex-président Eduardo Frei a par sa part commenté: "les dictatures sont des dictatures et ne portent pas de nom de famille".

Cette décision présentée comme purement technique porte une sévère atteinte au devoir de mémoire et ne manquera pas de raviver les blessures d'un pays qui peine à se réconcilier.

Extrait vidéo: quand Pinochet dit que son régime n'a jamais été une dictature (dicta-dura) mais une dicat-molle (dicta-blanda).

06/07: face aux réactions, et jugeant contreproductifs de multiplier les conflits dans l'éducation, le gouvernement abandonne son projet.