Les politiques espagnols embellissent-ils leurs CV?

2/15/2012, 11:51:29 AM dans Espagne

Coup sur coup nous parviennent deux nouvelles, l'une concernant un secrétaire d'Etat de l'actuel gouvernement - populaire, l'autre portant sur une ex-eurodéputée socialiste. Dans les deux cas, la biographie officielle est un peu éloignée de la réalité. Dans les deux cas également, il s'agit d'erreurs techniques.

Le nouveau secrétaire d'Etat espagnol en charge de la sécurité sociale, Tomás Burgos, n'est pas médecin. Personne en lui demande de l'être, mais l'information publiée par le Ministère de la Santé et de la Sécurité Sociale lui attribue les titres de "médecin et expert en gestion sanitaire", alors que l'impétrant, qui a fait des études de médecine, les a abandonnées en cours de route - on ne sait d'ailleurs pas à quel niveau. La source de cette regrettable erreur d'interprétation? Tomás Burgos lui-même, qui a joyeusement baratiné indiqué sur sa fiche biographique, lorsqu'il était député, qu'il était "diplômé de médecine" (législature 1993-1996), puis "diplômé de médecine et de chirurgie" (législature 1996-2000) avant de revenir à la première version pour 2000-2004. Enfin, de 2004 à 2011, il indiquait plus sobrement - et plus véridiquement semble-t-il: "Etudes de médecine et de chirurgie. Université de Valladolid." La fiche ministérielle indique désormais que le secrétaire d'Etat a reçu une formation universitaire en médecine. Bientôt, on va apprendre qu'il a vu toutes les saisons d'Urgences et qu'il a adoré Docteur House.

Il y a près d'un an, le ministre allemand Karl Theodor zu Guttenberg, vu comme l'incarnation de l'ère post-Merkel, était accusé d'avoir commis des plagiats dans le cadre de sa thèse. Il avait dû démissionner et sa carrière politique est définitivement fichue. Heureusement pour Burgos, l'Espagne n'est pas aussi admirative du modèle allemand que les Français.

Les journalistes espagnols se sont-ils lancés dans une chasse à la biographie bidonnée? Hier on a appris que la fiche de l'ex-eurodéputée socialiste et actuelle numéro 2 du parti, Elena Valenciano, lui attribuait deux diplômes universitaires, respectivement en Droit et en Sciences Politiques. Valenciano argumente qu'il s'agit d'une erreur de traduction, s'appuyant sur le fait que tant la page web du PSOE que son blog personnel indiquent des "études de droit et de sciences politiques". En outre, elle n'a jamais fait valoir de diplômes universitaires sur la fiche biographique qu'elle avait communiquée lorsqu'elle était députée au Parlement espagnol.

Côté français on n'a rien à dire, on ne fait pas mieux...

Toutefois, l'excellente nouvelle qui ressort de ces deux cas, c'est qu'en Espagne on peut encore trouver du travail sans avoir de diplôme universitaire. Voilà qui va assurément redonner le moral aux 50% de jeunes Espagnols au chômage, et dont une partie a quitté le secondaire pour aller travailler sur les chantiers pendant le boom de la constrution.

Crédits photo: Havre Aplemont photos