Le Parti Populaire contribue à la réhabilitation

3/1/2012, 8:21:36 AM dans Espagne

En Espagne, l'ambiance est à la morosité, à l'inquiétude et à la révolte: le taux de chômage est à 23.3%, le déficit public plutôt à 8% qu'à 6, et de nouvelles coupes budgétaires s'annoncent. Rien de très enthousiasmant pour l'opinion publique. Aussi, sans doute pour éviter d'autres mauvaises nouvelles - sait-on jamais - le gouvernement populaire prend la main sur les équipes de l'Office National d'Investigation de la Fraude (ONIF).

Cet Office dépend du ministère des Finances, et jusqu'à présent l'alternance politique entraînait également celle de son responsable, ce qui a été le cas cette fois-ci encore. Mais en général, c'est la seule tête qui saute, la sienne ou celle de son adjoint, rapporte El País. Les enquêteurs, n'étant pas nommés en fonction de motifs politiques, n'étaient pas emportés non plus par les alternances. Le PP innove donc, en remerciant 6 inspecteurs des Finances, chefs des équipes d'investigation - dont celle qui a travaillé sur l'affaire Gürtel, de mémoire douloureuse pour le PP, et celle qui enquête sur l'affaire Urdangarín, le gendre du roi. Une regrettable coïncidence, sans doute, dans ce que le ministère des Finances présente comme une procédure normale. Dont c'est la première occurrence, certes, mais enfin normale.

Mais bon, admettons, à nouvelle étape, nouveau personnel, faire entrer de l'air ne fait jamais de mal. Et justement euh... le vent nous ramène Pilar Valiente, nommée numéro 2 de l'ONIF. Pilar Valiente est bien connue des Espagnols: alors qu'elle présidait la Commission Nationale des Marchés de Valeurs, la COB espagnole, a éclaté le plus gros scandale financier de l'ère Aznar: Gescartera. Cette société de bourse a monté une pyramide de Ponzi et escroqué en fin de compte près de 120 millions à ses 2.000 clients, parmi lesquels la ONCE, la Mutualité de la police, les orphelins de la Garde Civile ou encore l'archevêché de Valladolid (ça avait d'ailleurs fait un très bon sujet de TD, le secrétaire de l'archevêque expliquant aux fidèles que s'ils étaient plus généreux, l'Eglise n'aurait pas besoin d'investir le denier du culte en bourse). Ce sont des choses qui arrivent, n'est-ce pas, mais enfin non seulement la CNMV n'a rien vu, mais encore Valiente a été soupçonnée d'avoir trempé dans la magouille au point de devoir démissionner. Depuis lors, elle végétait à un poste de l'ONIF qui ne faisait sans doute pas honneur à ses mérites.

Voilà ce regrettable souci résolu. Face à un tel exemple, qui peut dire aujourd'hui que le Parti Populaire n'est pas miséricordieux?