La monarchie espagnole se tire une balle dans le pied

4/11/2012, 1:17:07 AM dans Espagne

Felipe Juan Froilán, l'aîné des petits-fils du roi d'Espagne, s'est malencontreusement tiré une balle dans le pied lors d'exercices de tirs avec son père. C'est d'autant plus regrettable qu'il n'a pas l'âge ni les qualifications requises pour manipuler des armes à feu. Il n'est sûrement ni le premier ni le dernier, mais pour le commun des mortels la justice entrerait en action. Et ici? C'est tout l'intérêt de cette regrettable anecdote.

Depuis la séparation de l'Infante Elena et de Jaime de Marichalar, il y a trois ans, les jeunes Felipe Juan Froilán (non, un seul, et encore son nom complet comporte encore "de Todos los Santos") et sa soeur Victoria passent la moitié des vacances avec leur mère et l'autre moitié avec leur père.

C'est au cours des congés pris avec celui-ci que Froilán -13 ans- a, selon ses déclarations, fait des exercices de tir dans le patio de la propriété, avec son père. Et qu'il s'est bêtement tiré une balle dans le pied avec un fusil de calibre 36, presque à bout portant. De ces choses qui arrivent quand on est enfant, a commenté la Reine au sortir de l'hôpital. Voire. Car la législation espagnole n'envisage pas que les enfants jouent avec des armes à feu. La Garde Civile peut délivrer une autorisation, rapporte El País, à partir de 14 ans, exclusivement pour des compétitions sportives ou pour chasser, et si l'enfant est accompagné d'un adulte détenteur d'un permis de tir. Et pour ce faire, l'impétrant doit réussir une épreuve théorique et une épreuve pratique - aucune trace de quoi que ce soit dans le cas du petit prince.

A ce stade, vous vous demanderez l'intérêt de cette information people. D'abord, cela rappelle un autre regrettable accident de la même eau, lorsque l'Infant Alfonso, 14 ans, était mort le jeudi saint 1956 d'une balle dans le front; celle-ci était sortie d'une arme que manipulait son frère, le futur roi Juan Carlos, alors âgé de 18 ans. Moralité: éviter les armes lors des réunions familiales de la Semaine Sainte.

Ensuite, cet incident ne redore pas le blason des gendres du roi. Après l'affaire Urdangarín cet hiver, le retour de Marichalar dans la case Faits divers n'est guère flatteur - et ce même s'il ne fait plus partie de la famille royale. Un Marichalar qui ne s'est pas encore exprimé sur les circonstances du tir malheureux, et dont il est probable que la version des faits sera relue par la Maison royale avant divulgation. Déjà, la reine Sofía évoquait "un accident de chasse" là où son petit-fils parlait d'un "entraînement au tir".

Enfin et surtout, que va-t-il se passer après? Un enfant se blesse avec une arme à feu qu'il utilise sous l'autorité de son père, sans aucun respect des réglementations en vigueur: on imagine l'ouverture d'une enquête, une amende - 300 à 600 euros selon la législation en vigueur. Enfin, si l'on parlait d'une famille roturière. Or là justement, il s'agit de la plus haute noblesse, qui a fait voeu d'exemplarité (surtout ces derniers temps...). Si l'affaire est étouffée, cela confirmera l'impression générale que la famille royale est au-dessus des lois - alors que, répétons-le, Marichalar ne peut plus se prévaloir d'y appartenir. Si Marichalar est poursuivi - et on ne peut guère imaginer qu'il en soit autrement-, cela contribuera à dégrader l'image de la royauté.

Mais au moins, pendant ce temps-là, on aura oublié l'effondrement des marchés financiers. Merci Froilán!

Suite du feuilleton: Jaime Marichalar a déclaré samedi 14 à la Garde Civile que le coup est parti alors que son fils et lui nettoyaient l'arme. Dans une version parallèle (mais qui circule essentiellement dans la presse people), ils faisaient une promenade. Dans la première version, ils faisaient des exercices de tirs. Et j'ai un peu de mal à m'y retrouver.