Espagne: le brouillard de la hausse des droits universitaires 2012

6/4/2012, 2:08:37 AM dans Espagne

Le Ministère de l'enseignement supérieur espagnol a décrété une hausse de la participation des étudiants aux frais de leur formation. A quelques mois de la rentrée, personne ne sait à quoi s'en tenir, mais beaucoup s'inquiètent.

Pour mémoire, en première inscription d'étape l'étudiant paiera entre 15% (participation estimée aujourd'hui) et 25% du coût réel de sa formation; de 30 à 40% pour un cours qu'il redoublerait, et 100% pour la quatrième inscription (je vous assure que ça arrive. Ca va peut-être changer, si les étudiants qui l'ont adoptée modifient leur stratégie de step by step; en outre certains enseignants ont déjà annoncé qu'ils recevraient tous les étudiants à la deuxième session).

Problème: aucune université ne semble savoir à combien revient une formation. La Conférence des Présidents dit que la comptabilité des coûts est en cours, mais il est trop tôt pour le savoir. En outre il faudrait des critères homogènes d'une université à l'autre, or elles sont du ressort des communautés autonomes, et dans ce cas-là rien n'est simple.

A l'université de Rennes 1, il y a quelques années, ma collègue professeur-documentaliste du Point Langues - le centre de ressources en langue - a été priée de faire une "imputation analytique par étudiant" de ses achats. Autrement dit, attribuer à chaque utilisateur (à qui on ne demande pas leur filière ni leur année), un prorata du prix des documents et autres matériels acquis par le centre. Ca avait été un grand moment de franche rigolade. Je pense qu'on n'avait imputé à personne en fin de compte l'achat des pinces à linge qui servent pour des expositions de travaux universitaires…

Pour revenir à l'Espagne, on ne connaît donc pas le coût réel d'une formation mais c'est sur cette base que doit être calculée l'augmentation des droits d'inscription.

Au passage, cette hausse laissée à l'appréciation de chaque communauté autonome va renforcer les différences entre celles-ci. Jusqu'à présent, le ministère fixait une hausse maximale, basée sur l'indice des prix à la consommation auquel on ajoutait 4%. Avec des droits d'inscription qui vont déjà du simple au double pour la même formation dans des communautés autonomes différentes, le delta sera amplifié. Pour Juan Hernández Armenteros, spécialiste de financement universitaire cité par El País, cette libéralisation des droits d'inscription permettra aux campus de faire jouer la concurrence économique.

Pour le bien des étudiants, cela va de soi.