Urgence alimentaire au Guatemala

9/8/2009, 7:40:00 PM dans Amérique

Le phénomène climatologique El Niño a provoqué la sécheresse sur l'Amérique Centrale cette année. Au Guatemala, où la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, les mauvaises récoltes (diminution d'un tiers de celle du maïs et de 60% de celle du haricot), les marchés sont approvisionnés mais les habitants ne peuvent pas acheter aux prix pratiqués.

Si El País s'intéresse à la famine au Guatemala, c'est parce qu'un rapport vient d'être publié par le Défenseur du Peuple (le pendant hispanique du médiateur de la République, ou une sorte de Défenseure des Enfants mais pour tout le monde), d'une part, et que l'ONU vient d'envoyer un rapporteur spécial pour rapporter (comme son nom l'indique) sur la mort, due à la faim, de 17 enfants, au cours de l'année 2009. 126 autres ont été accueillis au cours des 5 dernières semaines dans des cliniques ou dispensaires.

D'après la FAO (parce que ce n'est pas la première fois que l'on rapporte sur le sujet, que diable), la moitié des enfants guatémaltèques de moins de 5 ans souffrent de dénutrition chronique, et le chiffre monte à 61% dans les communautés indiennes (60% de la population). Le président Colom en est conscient: la répartition des richesses est inégale dans le pays. Pour le rapporteur, 'le Guatemala est un pays très riche, mais avec un Etat pauvre et faible.' Et de suggérer que les ressources allouées pour lutter contre la faim et la pauvreté ne sont peut-être pas gérés de façon aussi transparente qu'il serait souhaitable... et l'on rejoint là l'accusation de l'avocat Rosenberg, du détournement de fonds par le président et sa femme, précisément en charge de ces programmes d'aide.

Flash! (09/09). Le président a déclaré hier soir l'état de 'calamité publique', une modalité qui n'existe pas en France mais qu'on trouve en Belgique (où elle ressemble bigrement à une catastrophe naturelle, en plus poétique). L'information est relayée par la BBC Mundo et par Le Figaro. On découvre que les statistiques de décès d'enfants dénutris ont été revues à la hausse: non plus 17 mais 54 depuis le début de l'année. C'est comme la grippe: quand on cherche on trouve (retenez la phrase, on peut l'appliquer à presque tout!).