Les Français de la Candelaria

2/23/2011, 10:33:00 PM dans Colombie 2011

Je voulais vous parler de Sandra, ma voisine qui tient un magasin d'artisanat, mais le temps que l'on prenne un café, l'essentiel de la conversation a été tenue par un Français implanté ici depuis longtemps. Et du coup, c'est lui qui fera l'objet de ce billet.

C'est un personnage, ce gars qui porte un nom de tueur dans les Tontons Flingueurs. Tout le quartier le connait - moi aussi, maintenant, et franchement, si je veux pouvoir manger en paix, je n'irai probablement pas dîner dans son restaurant, où il officie comme chef.

En moins d'une heure, j'ai eu droit dans le désordre à un pedigree chargé: ancien légionnaire (7 ans), il a tout vu, il connaît tout le monde, il vit ici avec sa femme colombienne (ben tiens) mais dès qu'il a les visas, il s'envole pour le Kenya où il a acheté des terres. Je vous assure que je n'en rajoute pas; pour être sincère, vous avez même eu droit à la version courte.

Il explique aussi à qui veut l'entendre (ou est contraint de le faire) tout le bien qu'il pense de la maire de la localité - l'arrondissement, dans le vocabulaire colombien-, des voleurs de rues, des politiques corrompus et de l'ambassade française, en termes à la fois fleuris et peu originaux, tout en soulignant dans son sabir franco-espagnol - qu'il traduit ensuite en hispano-français à l'attention de la Bretonne qui trainait là - ce qu'il leur ferait ('profond' revient souvent dans sa conversation et ce n'est pas d'esprit qu'on parle), lui personnellement qui connait la Colonnelle, si on les lui confiait. Parce que dans la Légion, on est pas des lopettes, nom d'une fiotte (non là c'est pas de lui, c'est de moi, mais ça résume bien et l'idée générale et le champ lexical).

Voilà donc le portrait de l'un de nos représentants locaux, qui, j'en suis sûre, par son bagou et son aura, saura contribuer puissamment à l'amitié franco-colombienne. Moi-même, ce soir, je me suis sentie d'humeur si patriotique que j'envisage de demander la nationalité patagone.

Comme je titrais 'LES Français', et que je souhaiterais finir sur une note plus positive: il y en a d'autres, des Français installés ici, plus discrets. On les reconnaît généralement quand ils descendent la rue leur baguette sous le bras.

Non, pas de cliché là non plus, ils n'ont d'ailleurs même pas le béret réglementaire (hmm, je suis sûre que notre légionnaire-para pourrait faire quelque chose pour eux); simplement, le Café de la Peña, salon de thé -boulangerie - pâtisserie française (tenu par un Colombienne dont l'ex-mari, Français, lui a laissé les recettes) est tout proche, et fort réputé pour la qualité de son pain, entre autres. La spécialité de la maison, le croissant aux amandes, n'a qu'une vague ressemblance avec son lointain cousin français, mais ça, c'est comme pour les oiseaux, vous verriez la taille des merles dans le pays!

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Au demeurant, le décor est très agréable: maison coloniale, musique classique, petit patio foisonnant de plantes, et un chat. J'y ai passé une partie de mon samedi matin avec plaisir. Je recommande, peut-être avec un croissant pour deux ou un estomac blindé.