Le juge Garzón a maintenant son affaire

4/22/2010, 5:44:00 PM dans Espagne

Le juge Garzón, célèbre pour ses mises en examen pour crimes contre l'humanité (rappelez-vous Pinochet arrêté en Grande-Bretagne: c'était lui) et autres défenses des droits de l'homme, est lui-même mis en cause pour prévarication. Il a eu l'outrecuidance de vouloir ouvrir le dossier des disparus du franquisme.

C'est en soi un exploit. Pour les Espagnols, il y a seulement 5 ans, les desaparecidos étaient forcément latinoaméricains. Victimes de ces dictatures lointaines des années 70. Ça n'existe pas chez nous, voyons.

Et pourtant si: 114 000, une paille. La Loi de Mémoire Historique a donné la possibilité de rouvrir les fosses et d'identifier les corps. Le juge Garzón, lui, est parti sur les traces des responsables.

Et c'est là qu'interviennent deux associations d'extrême-droite nostalgiques du bon vieux temps du Caudillo: la Phalange et Mains Propres. Jeux de mains jeux de vilains; le juge Garzón est accusé de prévarication par la Cour Suprême, car les délits commis sous le franquisme ont été amnistiés en 1977. Il est vrai que Garzón a beaucoup d'ennemis, alors que la Phalange et Mains Propres ont pour ami le juge instructeur de la Cour, du moins c'est ce qu'il semble car il va jusqu'à corriger leurs écrits d'accusation afin qu'ils soient recevables. Quel sens du service public! Il est aussi, au cas où cette enquête ne déboucherait pas sur sa suspension définitive, sans doute, poursuivi pour malversations et corruption, pour des conférences rémunérées données au Etats-Unis et sur lesquelles il s'est déjà expliqué.

Troisième affaire et on touche peut-être là le coeur... plus c'est gros plus ça passe: c'est Garzón qui a mené à ses débuts l'enquête sur l'affaire Gürtel, qui met la droite dans de très beaux draps richement brodés. Il avait rapidement dû se dessaisir de l'enquête car une autre instance que l'Audience Nationale était compétente. On lui reproche des écoutes ordonnées dans ce cadre, et dont la plupart - fort instructives au demeurant - ont été annulées.

Les associations de défense des Droits de l'Homme et les médias internationaux restent stupéfaits devant le processus judiciaire. Les mouvements de soutien partent de tous les pays. Au Parlement, députés de droite et de gauche s'écharpent sur le sujet. Mais la machine judiciaire continue à suivre son cours.

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