Campagne électorale en Colombie

4/21/2010, 5:12:00 PM dans Amérique

D'abord, il y a eu les législatives (14 mars) où sont élus représentants au Congrès et sénateurs, et puis la présidentielle, dont le 1er tour est le 30 mai. Et plusieurs sites de presse parlent d'un candidat au nom rigolo: Antanas Mockus. Dont les idées sont encore plus drôles, et qui pourrait bien arriver au second tour. Gagner, par contre, paraît difficile. Mais pas infaisable.

A une présidentielle, il y a toujours plein de candidats. 9 cette fois-ci; mais pas Alvaro Uribe, puisque sa tentative pour pouvoir se représenter à un 3ème mandat a calé à la Cour Constitutionnelle (avant, il avait réussi à faire instituer la réélection).

Du coup, son ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, se présente au titre du Parti de l'U (U étant Unité Nationale et non Uribe mais le raccourci est vite fait). Sauf qu'Uribe a un allié, le Parti Conservateur Colombien, lequel présente une candidate, Noemí Sanín. Et vu ce qu'ils se mettent dans le cadre de cette amicale campagne, ça risque d'être rigolo pour le rassemblement au second tour.

Parce que second tour il y aura probablement. Ça perturbe toujours un peu les Latinoaméricains, on dirait. Les seconds tours, du coup, c'est facilement 3 semaines après les premiers, et on en connaît rarement la date. Mais bon. Notez: ce sera le 20 juin.

Pour cette fois-ci, si on lit les sondages (bon il ne faudrait pas mais si on n'a rien d'autre à faire, et puis de toute façon nous on va pas voter, alors où est le mal?), on découvre un nom qui s'intercale entre Santos (30%) et Sanín (12%): Antanas Mockus. Et non ce n'est pas un Borrat, c'est juste un descendant de Lituaniens. On a bien élu un descendant de Hongrois, en France.

La comparaison s'arrête là. Antanas Mockus est le candidat du Parti Vert, pas vraiment écologiste (correction du 23/04: si si si si!! bientôt un billet sur son programme), pas vraiment simple à situer sur un échiquier politique non plus. Avant, avec 'Vert' dans le nom, il y avait Vert Oxygène, créé par Ingrid Bétancourt, qui pour sa part n'a jamais dépassé les 2% d'intentions de vote aux présidentielles, même quand elle a été enlevée par ces vilains guérilleros des FARC en plein dans leur territoire où on lui avait bien dit de pas aller, mais qu'elle avait décidé que si, quand même, et qu'une fille d'ex-ministre et d'ex-Miss Colombie n'allait pas se laisser influencer bêtement. On connaît la suite (surtout vu de France, avec les violons, la photo géante sur la Mairie de Paris et Villepin qui court dans tous les sens pour sauver son ancienne élève de Sciences Po).

Donc Antanas Mockus est candidat pour le Parti Vert, ancien maire de Bogotá, ancien Président de l'Université Nationale de Colombie (son mandat a été écourté après qu'il a montré ses fesses à des étudiants contestataires), philosophe et mathématicien de son état, partisan du respect des droits et des libertés, et de la transparence. D'où le culo pajarero ou cul à l'air, et la révélation de la maladie de Parkinson dont il souffre, il y a 15 jours. Toujours dans la transparence: avec les médicaments, les médecins lui ont promis 12 années de vie normale, ça laisse le temps de faire un mandat. Au passage, ça a donné lieu à un très bon slogan: Si Mockus a la maladie de Parkinson, pourquoi sont-ce les autres candidats qui tremblent?

Et de fait, il semble que sa candidature commence à inquiéter, notamment du côté d'Alvaro Uribe.

Et moi je vais suivre cette campagne avec beaucoup d'intérêt et vous en tenir informés. Pensez, un gars qui a recruté des mimes pour habituer les habitants de Bogotá à utiliser les passages piétons, ça peut donner quoi, à la présidence? Face à un Hugo Chávez? Ça laisse songeur...