Bibliothèque Luis Angel Arango, ma voisine

2/9/2011, 9:06:00 PM dans Colombie 2011

J'ai l'honneur insigne d'habiter à deux pâtés de maisons de la bibliothèque Luis Angel Arango, LABLAA pour les intimes, mais ça me fait toujours penser au chameau qui blatère, cet acronyme. Les locaux, plus familiers, l'appellent la 'Luis Angel'.

Cette bibliothèque, qui dépend de la Banque de la République, et qui est la tête de pont du réseau des bibliothèques de la Banque de la République, abrite censément deux millions de volumes, dispose également de fonds virtuels, d'un fonds musical conséquent, et est LA bibliothèque de Bogota (voire du pays) par antonomase.

Et le site expose très doctement tout ceci et bien d'autres choses encore. Sinon, il y a un article de Wikipedia sur la question, plus sobre.

Maintenant, comment la bibliothèque s'ouvre-t-elle à un lecteur potentiel? D'abord on fait vérifier le contenu de son sac à l'entrée et enregistrer son ordinateur portable si l'on en apporte un. Ensuite on passe par les casiers: sacs interdits dans les salles. Cependant, il est déconseillé de laisser dans les casiers portefeuilles, téléphones, ipod (texto, pas baladeurs: ipod!!), ordinateurs évidemment et tout autre objet de valeur. Si en plus on veut prendre des notes, on a besoin d'un papier (ou d'un Moleskine si on s'appelle Lisenn) et d'un crayon, on laisse donc son sac vide à la consigne (franchement, vous avez quoi d'autre dans un sac, vous?) et on est très heureux de se trimballer avec tout son contenu à la main.

L'architecte a dû lire que le luxe, c'était l'espace. On en prend plein la vue de luxe perdu ou inutile, du coup; mention spéciale à l'antichambre de l'hémérothèque, un cube qui doit avoisiner les 200m2 (plafond à 4 ou 5 mètres, normal aussi) avec une moquette grise à vomir sous des néons blafards. Pour ceux qui ont connu l'ancien Gaumont de Rennes, quand on allait vers la grande salle, le demi-niveau, vous voyez? Même ambiance glauque.

Beaucoup d'espace perdu aussi dans les escaliers, un truc qu'on ne pourrait pas se permettre dans un pays où les bâtiments disposent d'installation de chauffage. Grande paroi vitrée vers le nord, fort sale au demeurant (ça c'est comme le nouveau bâtiment de Sciences Eco, personne n'a budgété le nettoyage), mais ça a dû impressionner pour l'inauguration. Et puis, si le président venait (le palais présidentiel est à 3 pâtés de maisons), je gage qu'un bataillon de petites mains ferait briller tout ça. Au demeurant, les intérieurs sont très bien tenus; à la fac, les femmes de ménage époussettent les feuilles des plantes tous les deux jours. Mais je digresse.

Les salles de lecture maintenant. A part le portique de sécurité, elles sont d'époque, habillées de rayonnages et de bouquins, normal. A ceci près que tous les livres ou presque sont reliés, sûrement pour les protéger. Ca donne à l'ensemble un côté vieillot, et inutile de tabler sur un coup de coeur devant le rayon Littérature colombienne. On sort en courant et on cherche désespérément Pif Gadget ou assimilé sur les étals de magazines d'occasion ($500, 'pour découpage'). Ou on passe par le catalogue, puisque l'essentiel des ouvrages sont en magasin (voir les photos sur la page 'Collections et Archives' du site): autant dire que la perspective de faire des découvertes avoisine le zéro.

Consulter le catalogue sur les PC IBM encore équipés de Netscape - une niche de biodiversité numérique, cette bibliothèque!- suppose d'être abonné (identifiant: numéro de carte, mot de passe: 5 derniers chiffres de son document d'identité), emprunter un ouvrage relève du parcours du combattant, et je laisse tout ceci pour une autre fois, ce billet est déjà trop long.