Au Brésil, on a du pétrole ET des idées

9/1/2009, 6:36:00 PM dans Amérique

Le président Lula da Silva a proposé hier la création d'une nouvelle agence nationale, baptisée Petrosal, qui sera chargée de la gestion des riches gisements off-shore découverts à grande profondeur. La part des revenus de l'Etat doit abonder un fonds de développement pour le pays, avec une priorité au financement de mesures sociales et éducatives. La proposition a été adressée au Congrès avec un caractère d'urgence: elle doit être examinée sous trois mois.

Depuis quelques années, les compagnies pétrolières recherchent de nouveaux champs pétrolifères dans des zones non exploitées auparavant par insuffisance de moyens techniques. C'est ainsi que des gisements de très grande profondeur (plus de 2.000 mètres sous l'océan) sont découverts et pourront être exploités. Le champ Tupi, qui fait face aux côtes de l'Etat de Sao Paolo, ferait le bonheur de toute compagnie en charge de l'exploiter: on estime ses réserves entre 5 et 8 milliards de barils de brut léger, un pétrole de grande qualité, facile à pomper et raisonnablement coûteux à traiter. Il n'y a pas si longtemps, face à la baisse des réserves, on reparlait d'exploiter les sables bitumineux canadiens, voire français (il y a a du pétrole dans les Landes!!)... ce mélange de sable et de pétrole, difficile et coûteux à traiter, et extrêmement polluant (deux barils d'eau souillée pour un baril de pétrole).

Donc, à la rigueur, mieux vaut exploiter un pétrole à très grande profondeur (2.000 mètres d'eau plus 3.000 mètres de sel et de sédiments, quand même...). Et le pétrole brésilien intéresse tout le monde, à commencer par le président du pays. Les bénéfices de l'exploitation doivent permettre à l'état d'améliorer la santé, l'éducation, et de financer de la R&D dans différents secteurs, notamment celui de l'environnement.

C'est une véritable manne qui s'annonce, au point que le lundi 31 août a été considéré comme une 'nouvelle fête de l'Indépendance' par le président. Petrosal doit représenter l'Etat et garantir ses intérêts dans les montages d'exploitation. Les consorciums qui solliciteront des concessions doivent collaborer avec Petrobras, dont la participation doit être au minimum de 30%.

C'est donc un nouvel exemple de réaffirmation de la souveraineté nationale sur les ressources, après d'autres manifestations sous forme de nationalisation des gisements, comme cela a été annoncé en Bolivie, au Venezuela et en Equateur.