72 migrants assassinés au Mexique

8/26/2010, 4:11:00 PM dans Amérique

L'émigration économique est toujours une odyssée. Plus encore quand elle est illégale. Exploités par les mafias du passage, les migrants sont devenus une cible pour les cartels et autres bandes armées en Amérique Centrale, et particulièrement au Mexique, passage obligé pour les Etats-Unis.

Le Mexique souffre aussi. De la guerre des narcotrafiquants. Entre eux. Avec les forces de l'ordre. Et la population au milieu. 7.000 morts déjà depuis le début de l'année, en lien avec le narcotrafic, ou présentées comme telles. C'est devenu un réflexe.

Tellement que c'est la première chose qu'on a dite: 72 corps retrouvés, dont 14 femmes, dans une propriété de Tamaulipas, un Etat proche de la frontière. Un règlement de comptes, encore, sûrement, un de plus, juste un peu plus meurtrier.

Il a fallu 24h pour que l'on ouvre les yeux, que l'on constate que non, pas cette fois. Il y a eu un survivant. Un Equatorien. C'est par lui qu'on a appris...

Cela fait des années que la route vers les Etats-Unis tue ou mutile des migrants, et des années que les agences nationales des migrations (il y en a dans toute l'Amérique Centrale) se concertent et appellent à respecter les droits des migrants. Je conseille là-dessus un reportage long, dur et passionnant de TVE: Centroamérica, dolor por dolar.

De plus en plus, les bandes violentes assaillent le train qui va vers le nord et arrachent aux migrants le peu qu'ils ont; les prennent en otage et font payer une rançon à leur famille; ou les font travailler, les prostituent, etc. En l'occurrence, selon le récit du survivant, les Zetas (groupe de tueurs à gages issus des troupes d'élite de l'armée, un temps au service du Cartel du Golfe, et maintenant en compétition avec celui-ci) sont en cause. Les migrants n'avaient pas de quoi payer la rançon exigée, et se seraient refusés à travailler pour les Zetas.

Ce sont 72 familles, brésiliennes, équatoriennes, salvadoriennes et honduréniennes - pour autant que l'on sache - qui ne reverront pas leurs proches. Qui ont perdu un fils, une fille, un frère, une mère morts pour rien. Sans que cela puisse décourager les populations de chercher un avenir meilleur quoique improbable, là-haut dans le nord.