Eurovegas ne se fera pas à Marina d'Or

6/6/2012, 12:35:35 AM dans Espagne

Le président de Marina d'Or, Jesús Ger, a annoncé par surprise la candidature du Marina d'Or de Castellón (Valence) pour accueillir le projet Eurovegas du nabab américain Sheldon Adelson, lequel "hésite" entre Madrid et Barcelone. Adelson a décliné l'offre, mais Jesús Ger ne s'avoue pas vaincu.

C'est une surprenante proposition que celle qui a été faite le 2 juin par Jesús Ger: héberger le complexe Eurovegas sur les terres valenciennes de Marina d'Or. Alors que son promoteur, l'américain Sheldon Adelson, a annoncé l'implantation d'une cité de jeux à Madrid ou à Barcelone, selon les facilités que les pouvoirs publics sont disposés à lui accorder - la gratuité des terrains, la dispense d'impôts, l'autorisation de fumer dans les casinos, l'accès des mineurs et des ludopathes aux salles de jeu, la possibilité de jouer des fonds provenant de comptes bancaires étrangers qui ressemble furieusement à une manoeuvre de blanchiment d'argent... voir ici - il y a plusieurs mois, avec une décision prévue pour début juillet, Jesús Ger entend jouer les outsiders. L'annonce en a été faite lors de la traditionnelle Fête de Printemps de Marina d'Or, qui présente alors ses offres et ses projets devant les opérateurs touristiques.

Jesús Ger propose "d'intégrer" Eurovegas dans Marina d'Or Golf: mille huit cents hectares disponibles, l'aéroport de Castellón qui ne sert à rien à seulement six kilomètres... tout en conservant le caractère "familial" de Marina d'Or (le casino familial, j'avoue, ça m'échappe). Et cette offre est appuyée par les responsables politiques locaux: il est prêt à envoyer sur-le-champ le président de la Generalitat (gouvernement), Alberto Fabra, mieux expliquer à Sheldon Adelson les avantages de Marina d'Or. Le gouvernement valencien, un peu gêné aux entournures, a souhaité nuancer, mais Ger n'en démord pas.

Adelson a "remercié" Ger pour sa proposition, qu'il a cependant rejetée, arguant que les négociations sont pratiquement dans la dernière ligne droite avec Madrid et Barcelone.

La Communauté valencienne est la communauté autonome la plus endettée - au niveau "créances pourries" selon les agences de notation -, et de fait elle est en quasi-faillite. Sa politique de travaux pharaoniques (circuit de F1, aéroport fantôme de Castellón, opéra de Valence, parcs thématiques...) a laissé les finances publiques exsangues. La promesse - probablement fausse - de centaines de milliers d'emplois créés est un puissant facteur d'attraction. Mais pourquoi alors proposer cette candidature valencienne aussi tard? Quel facteur a amené l'entrepreneur privé, ou les décideurs publics, à lancer cette bouteille maintenant à la mer?

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