La tentation hondurienne du Paraguay

12/17/2009, 6:52:00 PM dans Amérique

Alors que le président paraguayen Fernando Lugo, 16 mois de mandat, est de moins en moins apprécié de ses concitoyens, l'oligarchie est tentée de le renverser 'à la hondurienne'. Le vice-président Federico Franco (le Judas à gauche sur la photo) se sent pousser des ailes et déclare que 'Lugo a commis une trahison', argument déjà employé au Honduras.

De nombreux observateurs avaient souligné, lors de la crise hondurienne, le risque que prendrait la région à accepter un coup d'Etat. Il semblerait qu'ils aient eu raison: depuis des semaines, au Paraguay, la tentation de déposer le président prend de l'ampleur.

L'hypothèse d'un procès politique du président est évoqué depuis près de 6 semaines (j'en parlais ici). Sous couvert des nombreux enfants illégitimes du président (ouh! le vilain), de ses liens supposés avec des guérilleros d'extrême-gauche (ouh! le pas beau) et de sa prétendue complicité avec Hugo Chávez (aaah! le révolutionnaire au couteau entre les dents!!), la droite frétille à la perspective de reprendre le pouvoir sans devoir passer par la case élections. Time is money, même avec l'accent paraguayen.

En effet, si les deux tiers du Congrès paraguayen le décident, le président sera destitué. Le vice-président, Federico Franco, dont l'alliance avec Lugo était de l'ordre du 'tout sauf le Partido Colorado', a reçu des assurances de l'opposition quant à son avenir personnel. Si Lugo a pu éviter une tentative de coup d'Etat militaire en destituant il y a un mois les commandants des Forces Armées (et pour la 4ème fois depuis le début de son mandat!!), il ne pourra probablement pas parer au coup d'Etat politique qui approche. Sera-t-il soutenu par la population, comme cela a été le cas de Zelaya? Rien n'est moins sûr.

El Observador Global, qui reprend les faits de façon un peu plus objective que moi - je suis quand même nettement plus objective que La Nación... -, souligne que ce qui déclenchera probablement la phase finale sera le sort du propriétaire terrien Fidel Zavala, enlevé il y a maintenant deux mois par des membres de l'EPP, l'Armée du Peuple Paraguayen, les guérilleros dont l'opposition s'acharne à dire qu'ils ont le soutien du président. Si Zavala venait à être tué, le mandat présidentiel de Lugo ne tiendrait plus à aucun fil.

Mais comme chacun sait, ce qui compte en ce moment, c'est Copenhague.