Le Honduras ne doit pas devenir la Birmanie centraméricaine

11/30/2009, 7:20:00 PM dans Amérique

Telle est l'opinion du président costaricien et prix Nobel de la Paix Oscar Arias au lendemain de l'élection de Porfirio 'Pepe' Lobo à la présidence du Honduras. Quoiqu'ayant assuré la médiation (dans les limites du possible...) entre gouvernement de droit et gouvernement de fait, il appelle aujourd'hui la communauté internationale à reconnaître le résultat de l'élection. Le quotidien La Nación se fait l'écho de ses propos.

L'argumentaire a du fond et l'ensemble ne manque pas de pragmatisme. Alors que se tient à Estoril (Portugal) le Sommet Iberoaméricain annuel, Arias a plaidé pour la reconnaissance du résultat de l'élection hondurienne. Son argumentation repose, en substance, sur le fait que la population n'a pas mérité ce qui lui arrive, et que la pauvreté va croissant depuis cinq mois.

Ne pas reconnaître le nouveau président - position de la plupart des dirigeants latinoaméricains, y compris celui du puissant Brésil, Lula da Silva - condamnerait le pays à devenir une Albanie ou une Birmanie centraméricaine. Cette pastille de terre, durement frappée en 1998 par l'ouragan Mitch, ne mérite pas un 'Mitch politique', selon l'expression imagée du président.

Il a également diplomatiquement dénoncé la 'double morale' de la communauté internationale, qui a applaudi les récentes élections en Afghanistan ou encore en Irak. Evidemment, si on va par là... tant qu'à accepter n'importe quoi, on n'est plus au Honduras près. Mais c'est de la realpolitik (pour les droits de l'homme, voyez le secrétariat d'Etat).

Dernier argument, local cette fois: des plaintes pour fraude électorale et manque de transparence se sont élevées dans d'autres pays latinoaméricains, mais comme on n'y a pas mené d'enquête, on n'a pas de preuves. Autrement dit, avant de hurler avec les coyotes contre le Lobo, certains dirigeants et néanmoins confrères d'Arias devraient balayer devant leur porte. Probable spéciale dédicace au Venezuela, voire à l'Argentine où l'achat et la vente de votes est un sport national (à voir un très bon commentaire de Julien Daniel sur Latinioo Argentine à ce sujet).

C'est d'ailleurs probablement la seule position tenable. Sauf à construire un mur tout autour du Honduras... et même comme ça!