Autocombustion d'un parc naturel espagnol

10/22/2009, 9:05:00 AM dans Espagne

Une zone humide classée réserve de la biosphère depuis 1981 est en cours de destruction. Progressivement asséchée depuis des années par la pression sur les ressources en eau, la tourbe prend feu de façon souterraine. Rien à faire pour l'éteindre; le gouvernement national accélère un projet de captage d'eau qui devrait alimenter le parc naturel... d'ici deux ans. Les Tablas de Daimiel, à 200 km au sud de Madrid, paraissent bel et bien condamnées.

'Daimiel est une oasis au milieu de la steppe de la Mancha... C'est le miracle de l'eau', est-il indiqué sur le site du parc. Cela ne va pas durer longtemps: asséchée par les puits illégaux joyeusement forés dans tous les sens - et au vu et au su de qui s'y intéresse - la nappe phréatique est basse. Ce qui est très gênant pour une zone humide. Le parc est en train de mourir; même Bruxelles s'en émeut. La Commission Européenne vient de donner 10 semaines au gouvernement pour qu'il explique comment un parc naturel protégé par l'UE depuis 5 ans peut être dans un tel état. Ce n'est pourtant pas très compliqué: il suffit de combiner une sécheresse persistante et la pratique agricole consistant à pomper dans les nappes pour assurer l'arrosage des champs par aspersion. Une pratique impulsée par les autorités depuis les années 50. L'eau est encore considérée comme une ressource inépuisable, au moins dans les comportements. Et puis l'agriculture intensive, c'est bon pour l'économie d'exportation, pour l'emploi...

Le gouvernement national vient de demander à celui de Castille - La Mancha de limiter la pratique de l'irrigation aux abords du parc. Tout le monde y croit. C'est que la période économique n'est guère riante pour lancer une révolution complète des modes agricoles. L'urgence de la situation met Daimiel sur le devant de la scène; le prochain parc sur la liste est celui de Doñana, autre zone humide condamnée par la culture intensive de la fraise sous serre, le fresón de Huelva, rouge, creux, sans aucun goût, mais à tarif très compétitif, qui inonde toute l'Europe (la France en est le premier importateur: un tiers de la production!).

TVE a consacré un reportage à la situation des Tablas de Daimiel au mois d'août.