Café décaféiné, coca décocaïnisée...

6/18/2009, 7:21:00 PM dans Amérique

Pour le sucre désucrifié cher à Bénabar, on l'a déjà: c'est la stevia du Paraguay, mais les lobbys sucriers font le forcing pour en empêcher l'usage alimentaire. Mais revenons à notre coca décocaïnisée. C'est dans la boisson énergisante Red Bull qu'on la trouve, d'après l'entreprise qui la produit.

Car Red Bull GMBH est formelle: oui, de la feuille de coca entre bien dans la composition de la boisson, pour lui donner du goût, mais alors attention, c'est to-ta-le-ment décocaïnisé.

Ce n'est pas ce que disent les analyses effectuées en Allemagne, en Autriche et à Taïwan, qui trouvent des traces de cocaïne, de l'ordre de 0.1 à 0.3 microgramme par litre. Absolument ridicule au regard de ce que contenait le vin Mariani, cet heureux 'french tonic wine' de la fin du XIXème siècle (de 6 à 7 milligrammes par litre).

Mais bon, entretemps les préoccupations de santé publique (et autres) sont passées par là et la cocaïne, tout comme la coca, est inscrite depuis 1961 sur la liste 'numéro 1' des stupéfiants définie par l'ONU. Ce qui est plus ennuyeux pour la coca, d'usage ancestral dans une partie du Pérou et de la Bolivie (depuis que les Espagnols, ayant compris ses vertus, en distribuaient aux Indiens qu'ils envoyaient travailler dans les mines), que pour la cocaïne. Moyennant quoi, les pays producteurs et consommateurs de coca sont tenus d'éradiquer les cultures traditionnelles dans les deux sens du terme: celle de l'arbuste, et celle qui consiste à mâcher de la coca (l'acullico).

La résistance s'est organisée, notamment en Bolivie, dont le président Evo Morales est issu du syndicat des cultivateurs de coca, et ne rate pas une occasion de promouvoir la petite feuille et ses vertus médicinales. On retiendra la proposition du président d'inclure la feuille de coca dans le blason du pays, et celle de son vice-président David Choquehuanca de remplacer le verre de lait distribué aux enfants dans les écoles par une tasse de thé de coca. En mars 2009, au siège des Nations Unies, un dangereux individu s'est drogué devant un public de dirigeants internationaux... shocking! Pas d'affolement: Morales a juste mâché une feuille de coca, de toute évidence sans amener ses homologues à ses vues.

Tout cela ne fait pas les affaires de notre Red Bull, qui se voit retirée des linéaires dans un certain nombre de pays. La difficulté, pour un client malade, consisterait à faire démontrer laquelle des substances bizarres qui entrent dans la composition de la boisson est à l'origine de son problème.