Bilan d'étape de la grippe A H1N1

5/6/2009, 9:13:00 AM dans Amérique

Dix jours après le déclenchement de l'alerte, le bilan sanitaire est plutôt positif. En attendant la pandémie qui nous fait un remake de En attendant Godot, ce sont les dégâts collatéraux qui seront les plus violents.

Aux Etats-Unis, la question du nom de la grippe a été résolue: c'est une grippe 'fajita' en référence au plat typique mexicain. A croire d'ailleurs qu'on ne connaît du Mexique que quelques éléments de sa gastronomie puisque les conséquences de la crise économique mexicaine de 1994-95 avaient été finement surnommés 'effet tequila'.

Donc les Mexicains sont coupables, mais pas tous les Mexicains: ce sont les sans-papiers qui disséminent le virus. Telle est la doctrine du groupe Américains pour l'immigration légale. Je crains d'avoir mal saisi une partie du raisonnement scientifique mais la demande que ce groupe a adressée au Congrès est la suivante: pour éviter la contamination, il faut fermer la frontière aux Mexicains (les Etats-Uniens ne sont pas concernés), envoyer l'armée pour la garder (mesure d'urgence) et durcir les lois d'immigration dont la réforme doit intervenir cette année ou en 2010.

La consolation du jour, c'est que la théorie de l'origine extra-terrestre du virus a apparemment été abandonnée. La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, c'est à peu près 3.500 km. Il aurait été plus difficile de blinder toute l'atmosphère.

Aux tensions supplémentaires contre les Mexicains chez leurs voisins nordistes s'ajoute la perte économique faramineuse que représente l'effondrement du tourisme (3ème source de revenus du pays après les hydrocarbures et les remesas) et la paralysie du pays. On parle de 0.5% du PIB englouti, de 2.3 milliards de dollars... Dans un pays où les employés sont payés à la quinzaine, la semaine 'pays mort' va durement se faire sentir.

En attendant, on a beaucoup parlé des 26 morts mexicains dus à la grippe. Le week-end dernier, on a retrouvé un peu partout dans le pays les corps (ou la tête) de 27 personnes tuées. Mais ceux-là n'intéressent personne. Les autres non plus, d'ailleurs: on a juste peur pour notre peau.